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Introduction

Pendant de trop longues années, les parcs zoologiques étaient de simples collections d’animaux vivants, dans lesquels les notions de bien-être, de conservation ou d’éducation étaient ignorés si ce n’est inconnues. Au vu des menaces que notre espèce inflige à notre belle planète et à sa biodiversité et assistant impuissants à la raréfaction et à la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, des directeurs et des scientifiques de parcs zoologiques ont commencé, dans les années 70, à considérer les animaux qu’ils détenaient comme des individus importants qu’il fallait absolument protéger et conserver dans le temps pour toujours voir ces espèces en zoos et pour les réintroduire dans le milieu naturel de leurs ancêtres au cas où elles viendraient à disparaître.

Ce déclic s’il a été long à venir, a posé les jalons de ce qu’on appelle aujourd’hui la conservation ex-situ, c’est-à-dire la conservation en dehors du milieu naturel. De nombreux parcs zoologiques se sont ainsi unis, et ont commencé à collaborer et œuvrer ensemble pour un but commun : assurer la survie et la sauvegarde d’espèces menacées dans le cadre de programmes d’élevage.

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature reconnaît d’ailleurs l’utilité des parcs zoologiques en affirmant:

  • « … Pour préserver la diversité biologique, il ne suffit pas de protéger le biotope. Des interventions telles la constitution de populations captives autonomes seront nécessaires pour éviter la disparition de nombreuses espèces, en particulier celles qui courent des risques et dont le biotope est considérablement réduit, fragmenté et perturbé. Il est important que les programmes d’élevage en captivité soient mis en place avant que les populations n’atteignent un seuil critique, et que ces programmes soient ensuite coordonnés sur le plan international, conformément à des principes biologiques rationnels, en vue du maintien ou du rétablissement de populations viables à l’état sauvage… »

  • « … Plus de 3000 espèces de vertébrés sont élevés en captivité, entre autres dans des parcs zoologiques. Dans des conditions adéquates de captivité, la plupart des espèces se reproduisent et des populations viables peuvent être maintenues à long terme. Ces établissements offrent une riche expérience dans les domaines de l’élevage, de la médecine vétérinaire, de la biologie de la reproduction, du comportement et de la génétique. Il serait vraiment dommageable de les ignorer… »

Les programmes d’élevage

  • En 1982, sous l’impulsion des parcs de Rotterdam, Amsterdam et Anvers, les parcs zoologiques européens ont mis en place des Programmes d’Elevage afin de réguler et d’optimiser la reproduction des espèces maintenues en captivité.

  • OBJECTIF DES PROGRAMMES : Constituer des populations viables de 250 à 500 individus par espèce en conservant, sur 150 ans, plus de 90% de la diversité génétique des individus fondateurs de la population.
  • En 1988, l’Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA : European Association of Zoo and Aquaria) est créée. Cette association basée aux Pays-Bas dans les locaux du zoo d’Amsterdam (Artis Zoo) est depuis cette période l’organisation qui supervise le suivi des Programmes d’Elevage Européen et approuve la création de nouveaux.

    • Jusqu’en juin 2018, l’EAZA distinguait 3 niveaux d’approfondissement pour la gestion des populations captives :
      • Les Programmes d’Elevage Européen ou EEP
        L’EEP est le niveau le plus élevé mis en place pour la gestion de la population captive d’une espèce au sein de l’EAZA. Chaque EEP est géré par un coordinateur. Ce coordinateur est assisté par un comité dont les représentants sont élus par les établissements hébergeant l’espèce concernée. Les espèces menacées d’extinction ou les espèces faiblement représentées en parcs zoologiques ont leur programme d’élevage.
      • Les Studbooks Européens ou ESB
        Quand une espèce est en ESB, cela sous entend que la gestion de sa population captive est moins intensive que l’EEP. Les espèces placées en ESB sont moins menacées dans la nature mais risquent de le devenir. Les ESB peuvent devenir des EEP si leur statut in-situ change ou si le coordinateur estime que la gestion de la population doit être plus rigide.
      • Le simple suivi ou Monitoring
        C’est le niveau le plus bas pour le suivi d’espèce au sein de l’EAZA, les animaux placés en « monitoring » sont peu menacés dans la nature et leur gestion en captivité n’est pas une priorité.Il y a également des programmes dans les autres régions de la planète (programmes nord-américains, programmes japonais, programmes australiens, …) et il y a aussi des studbooks internationaux (ISB) pour certaines espèces de félins comme les tigres, les panthères des neiges, les guépards et les caracals.
  • Chaque espèce est donc suivie par un coordinateur.

    Cette personne est généralement un directeur, un vétérinaire ou un biologiste d’un zoo membre de l’EAZA. Etre coordinateur, c’est être bénévole; cela signifie que toute personne travaillant dans un parc peut proposer ses services à l’EAZA pour gérer un programme d’élevage qui n’existe pas. Par contre, une fois le programme d’élevage crée et en cas de changement de coordinateur, le nouveau peut-être être choisi après des élections (surtout dans le cas d’espèces à effectif important).

    • La première tâche du coordinateur est de créer le studbook de l’espèce dont il s’occupe.

      Le studbook d’une espèce est un registre qui contient la liste de tous les individus de cette espèce qui sont toujours ou ont été hébergés en captivité depuis les 1ers animaux captifs connus. C’est à partir de ce registre que l’on peut appréhender la généalogie complète de la population captive. Ce registre mentionne tous les individus fondateurs connus (animaux jadis capturés dans le milieu naturel) et tous les animaux nés en captivité et précise les relations de parenté entre individus.

      La somme de travail pour créer le premier studbook d’une espèce est considérable puisqu’il faut contacter le maximum de parcs zoologiques (membres ou non de l’EAZA) et leur demander de fournir le plus de détails possibles [sexe, date de naissance, lieu de naissance, informations sur les parents, moyens d’identification (tatouages, puce électronique, …), nom, …] sur les individus qu’ils ont actuellement et qu’ils ont hébergés par le passé. Le coordinateur doit ensuite compiler l’ensemble des informations recueillies dans le module studbook du logiciel informatique zims/species360 qui gère les studbooks.

      Après cette première étape, le travail est moindre puisqu’il suffit au coordinateur de recontacter, à chaque début d’année, les parcs qui hébergent toujours cette espèce et d’enregistrer tous les mouvements qui ont eu lieu l’année précédente (naissances, morts, transferts, etc). Il ne reste alors plus qu’à éditer le studbook en version papier et/ou informatique pour ces parcs, pour les spécialistes de cette espèce et enfin, pour l’EAZA.

    • La seconde tâche du coordinateur consiste à gérer la population de l’espèce pour une conservation à long terme.

      Pour gérer la population de l’espèce dans l’optique d’une conservation à long terme, le coordinateur doit réaliser des analyses génétiques et démographiques de la population à partir des données du studbook. Ces analyses se font à l’aide de logiciels informatiques.

      A l’appui des résultats de ces analyses, le coordinateur dresse un plan d’action pour le futur de la population et fait des recommandations d’échange et d’élevage entre zoos. Ces recommandations doivent absolument être suivies dans le cadre des EEP. Il n’y a pas cette obligation pour les ESB.

      La plupart du temps, les jeunes animaux naissant dans un parc sont transférés dans d’autres parcs pour former de nouveaux couples reproducteurs (la séparation d’avec la mère ou le groupe se fait au mieux à l’âge de l’indépendance). Il est plus rare de transférer des individus adultes mais, chez certaines espèces comme le guépard, cela est nécessaire car les changements de partenaire stimulent la reproduction.

      Ces transferts ont pour but premier d’éviter la reproduction entre individus consanguins, il est aussi parfois recommandé de stopper (temporairement ou définitivement) l’élevage de certains animaux car ils ont déjà trop de descendants et leurs gènes sont bien représentés dans la population ou parce qu’ils sont trop consanguins.

      Pour réaliser les analyses génétiques et démographiques, le coordinateur doit avoir de solides connaissances en génétique moléculaire et génétique des populations. En effet, en 3 clicks, les logiciels utilisés peuvent éditer de nombreux rapports avec des quantités de chiffres et d’indices qui ne sont pas aisés à interpréter.

    • Depuis le 19 juin 2018, l’EAZA a annoncé le lancement d’une nouvelle approche de ses programmes de gestion avec le lancement des EAZA Ex-Situ Programmes (EEP), qui s’ils ne concernent pas les félins à ce jour, remplaceront les anciens modèles EEP, ESB etc…

Les EAZA Ex-Situ Programmes

Après 30 années de fonctionnement, les programmes d’élevages tels que décrits dans l’ensemble des parcs zoologiques sous les acronymes EEP ou ESB vont progressivement disparaître pour faire place à de nouveaux EEPs.

L’objectif de ces changements est de mettre en œuvre la nouvelle vision de l’EAZA concernant le rôle des parcs zoologiques et des aquariums en matière de gestion des populations d’animaux vivants en captivité. Tous les programmes jusque-là nommé EEP (European Endangered species Programmes), ESB (European Studbook) vont progressivement devenir des EAZA Ex-Situ Programmes.

Pourquoi un tel changement ?

        • Renforcer le rôle des coordinateurs d’EEP

      Dans les anciens EEP, les coordinateurs avaient pour mission de créer un guide d’élevage (nommé en anglais « Best Practice Guidelines »). Ce guide a pour fonction de permettre aux parcs hébergeant l’espèce concernée de mettre en œuvre les meilleures stratégies d’élevage (gestion, nutrition, agencement des enclos, bien-être animal, gestion et prévention des maladies, enrichissements, etc…). Cette obligation sera étendue à tous les anciens types de programmes (ESB, monitoring). Les coordinateurs de ces nouveaux EEP devront également trouver des projets de conservation in-situ pour l’espèce, quand il en existe et travailler avec l’Union Internationale pour la Conservation dans la Nature, de façon à pouvoir connaître les besoin en milieu naturel, et permettre une meilleure connexion des EEP avec le monde extérieur.

      • Intégrer d’autres missions à celle de la gestion génétique des animaux captifs

Si la gestion génétique des populations captive reste un critère important des nouveaux EEP, l’EAZA a souhaité intégrer aux missions de l’EEP des aspects liés à l’éducation et l’information du public, à la reproduction en vue de la réintroduction, à la recherche en vue d’améliorer les conditions d’élevage, à la gestion de la taille des populations pour une gestion globale des espèces présentes dans les parcs zoologiques.

      • Intégrer la pédagogie à la gestion d’espèce

Parmi les 9 nouveaux EEP, certaines espèces comme la hyène tachetée ont un côté antipathique aux yeux du grand public. Et pourtant ces espèces jouent un rôle majeur dans l’élimination des carcasses dans la nature, limitant ainsi la propagation de maladies. Les nouveaux EEP auront pour objectif de réhabiliter ces espèces dont les mœurs et la vie sociale sont méconnues du grand public.

      • Intégrer la problématique de réintroduction

Si depuis 30 ans, la problématique de réintroduction de certaines dans le milieu d’origine restait un objectif parfois utopiste, certains programmes seront totalement dédiés à la reproduction en vue de renforcer ou recréer des populations sauvages.

      • Mieux gérer les tailles de populations pour une gestion globale des espèces

De nombreux programmes d’élevages actuels doivent faire face à une problématique grandissante, la gestion des surplus. En effet, si nous tenons compte le facteur évolution de certains parcs qui agrandissent enfin la superficie des enclos au détriment du nombre d’enclos et le succès reproducteur de certaines espèces, on se retrouve avec une problématique de compétition entre espèces pour des types d’enclos similaires. Afin de réduire la surreprésentation de certaines espèces à l’échelle globale, et éviter les problématiques d’euthanasies faute d’espace disponible, les nouveaux EEP encadreront mieux la reproduction de certaines espèces.

bébés tigre de sibérie nés en 2014
bébés chats des sables nés en 2014
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